Cette foule d'insectes grouillant dans ma tête
Jamais ne cesse de croître et multiplier
Elle semble trouver la demeure coquette
Sans se préoccuper du terme du loyer
Heureux propriétaire du petit enfer
J'hésite à ménager ou la chèvre ou le chou
Les laisserai-je occuper ce fond de mon trou
Ou les délogerai-je à coups de barre en fer ?
Et face à la sinistre armée
Je suis seul, adossé au mur
Brandissant ma minable épée
Et grelottant sous mon armure
Tout avait commencé par l'honnête araignée
Qui ne demandait rien qu'un recoin de plafond
Comment un tel bestiaire a-t-il pu se former
Génération spontanée ou sourde invasion ?
L'odieuse colonie varie ses spécimens
Cafards et cancrelats, chrysalides bizarres
Font un remue-ménage en ma boîte crânienne
L'emplissant peu à peu d'un curieux cauchemar
J'ai tenté de les noyer sous les alcools forts
Puis de les enfumer de centaines de clopes
J'ai avalé de quoi rendormir mille morts
Mais toujours la foutue légion se développe
Je vais finalement brûler l'immeuble entier
Etrange Jeanne d'Arc voulant chasser ses voix
Ma propre Inquisition a dressé le bûcher
Et chaque soir, ravi, j'y ajoute du bois
Etrange noce, étranglement
Etreinte atroce et vieux tourments